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Eloigner les enfants des tablettes/écrans !

Sabine Duflo, psychologue clinicienne, l’affirme : Eloigner les jeunes enfants des tablettes est « un enjeu de santé publique ».

Elle explique que les tablettes nuisent au développement cognitif des jeunes enfants, « de la naissance à la fin de la maternelle, c’est-à-dire cinq/six ans », rejoignant les propos tenus dans une tribune publié dans Le Monde par des psychologues, orthophonistes, psychiatres, pédiatres, enseignants, bibliothécaires, infirmières scolaires, chercheurs et parents (via).

Les conséquences de l’usage intensif de la tablette :

1 – augmente les troubles de l’attention ;

2 – retarde l’émergence du langage ;

3 – entrave la construction du principe de causalité et des premières notions de temps ;

4 – altère le développement de la motricité fine et globale ;

5 – nuit à une socialisation adaptée.

Sabine Duflo s’appuie notamment sur le rapport de l’Académie des Sciences intitulé « L’enfant et les écrans »



Voici quelques extraits :

L’enfant avant 2 ans  :

« Le bébé demeure un être à protéger, mais il manifeste dès sa naissance des aptitudes cognitives, sociales et émotionnelles. Son éveil intellectuel et affectif est précoce, nécessitant dès lors des approches éducatives et pédagogiques adaptées. Quel rôle peuvent y jouer les écrans ? » :

les écrans non-interactifs (TV, DVD) devant lesquels le bébé est passif n’ont aucun effet positif mais peuvent avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit de concentration et d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde.

Les conséquences problématiques de l’exposition trop prolongée (plus de deux heures par jour) du jeune enfant aux écrans non interactifs (voir la recommandation 7) peuvent perdurer bien au-delà des premières années et se traduire notamment par des performances scolaires amoindries.

Les tablettes visuelles et tactiles peuvent être utiles au développement sensori-moteur du jeune enfant même si elles présentent aussi le risque de l’écarter d’autres activités physiques et socio-émotionnelles multiples, indispensables à cet âge. Les outils visuels et tactiles participeront d’autant mieux à l’éveil cognitif précoce du bébé que leur usage sera accompagné, sous forme ludique, par les parents, les grands-parents ou les enfants plus âgés de la famille. Dans ce cadre éducatif, les tablettes numériques – en complément des tables d’éveil multisensorielles classiques – peuvent donc être un objet d’exploration et d’apprentissage parmi les autres objets du monde réel, des plus simples (peluches, cubes en bois colorés, hochets) aux plus élaborés technologiquement.

L’enfant entre 2 et 6 ans :

De 2 à 3 ans, l’exposition passive et prolongée des enfants à la télévision, sans présence humaine interactive et éducative, est déconseillée. De plus, la publicité est à proscrire totalement car elle brouille les repères de l’enfant et est susceptible d’influencer ses comportements. L’option d’une vidéothèque familiale est donc préférable aux chaines commerciales.

À partir de 3 ans, le développement des diverses formes de jeux symboliques invitant l’enfant à «faire semblant» l’éduque à distinguer le réel du virtuel. 

Ces jeux d’alternance virtuel-réel peuvent l’initier à une pratique modérée et autorégulée des écrans. Parallèlement, l’enfant doit être invité à parler de ce qu’il voit sur les écrans, car cela l’incite à mobiliser en alternance son intelligence visuelle et spatiale (activée par les écrans) et son intelligence narrative. La prévention des dérives de l’adolescence commence dès la maternelle.

À partir de 4 ans, les ordinateurs et consoles de salon peuvent être un support occasionnel de jeu en famille, voire d’apprentissage accompagné. Mais à cet âge, jouer seul sur une console personnelle devient rapidement stéréotypé et compulsif et l’enfant peut fuir le monde réel pour se réfugier dans le monde des écrans. Avant 6 ans, la possession d’une console ou d’une tablette personnelle présente plus de risques que d’avantages.

Focus sur la violence :

La présence de violence sur les écrans a des effets démontrés :

chez le très jeune enfant, les images violentes peuvent se traduire par des troubles du sommeil et par une insécurité psychique qui peut perdurer. De façon générale, l’influence des images violentes se manifeste par une diminution des conduites d’entraide et de coopération dans les relations sociales. En effet, l’observation des conduites d’autrui, que ce soit dans la réalité ou dans des mises en scène, est un facteur (parmi beaucoup d’autres) favorisant le déclenchement ou au contraire l’inhibition des conduites agressives. Quant aux comportements explicitement violents prenant prétexte d’images, ils relèvent toujours de pathologies sous-jacentes avérées.

Les images violentes sur des écrans non-interactifs amplifient l’idée d’un monde dominé par la violence mais n’ont pas le même effet chez tous les enfants, certains s’identifiant aux agresseurs, d’autres aux victimes, tandis que d’autres encore développent des aspirations réparatrices. Mais, en groupe, le climat d’insécurité que suscitent les images violentes intensifie les phénomènes régressifs. Ce sont les réponses violentes qui se diffusent dans le groupe et à l’extérieur, même si elles ne proviennent à l’origine que de certains enfants. Quant aux jeux vidéo violents, ils semblent accroître en même temps la représentation d’un monde dominé par la violence et le risque d’y avoir soi-même recours

La méthode « des quatre ‘pas' » pour réguler l’utilisation des écrans

Sabine Duflo propose la méthode des quatre « pas » pour réguler une utilisation excessive :

« J’intitule cela les quatre ‘pas' », résume-t-elle sur RMC. « Il va y avoir des moments dans la journée où il n’y aura pas d’écran – je ne parle pas que des tablettes: jamais le matin, jamais pendant les repas familiaux, jamais le soir avant de s’endormir et jamais dans la chambre de l’enfant, où les tentations sont grandes. Avec ces quatre ‘pas’ là, on dégage énormément de temps ».
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